Accéder au contenu principal

Manoubia : la Sainte de Tunis


A celle dont la beauté

A nulle autre n’était pareille.
A celle qui récita 1520 fois le Coran.
Se découvrant femme,
Elle badinait dans les vergers
En compagnie de Sidi Belhassen Chedli.
Son père courroucé, voulut la marier.
Mille prétendants se bousculèrent à ses pieds,
Mais seul le Seigneur à son cœur seyait.
Quand de force, à un mortel on voulut la lier,
Elle renia père et mère
Et courut vers Tunis en quête de l’Eternel.
Dans le faubourg d’El Morkhadh,
Hors des murs de la cité,
Elle filait la laine d’arrache-pied
Pour nourrir le dément, l’esclave et l’indigent.
Quand le soir venu, il lui restait quelque menu argent,
Elle pensait : « Cette nuit, ma prière est incomplète. »
Elle voulait étouffer la Géhenne et embraser l’Eden ;
Elle qui portait d’une main le seau et de l’autre le flambeau.
Le visage découvert, elle discourait d’égal à égal
Avec des maîtres qui s’interrogeaient tout bas :
Mais quelle folle est-ce donc là ?
Ils l’accusèrent de s’isoler à Jbel Zaghouan
Avec le disciple qu’elle aimait tant.
Mais de toute la ville, hommes et femmes accouraient
Et vénéraient celle que déjà l’on surnommait
Pôle des pôles et vicaire de Dieu sur terre.
A la fête du sacrifice,
Des savants lui rendaient visite
Et convenaient qu’en elle ils avaient trouvé un maître.
A celle en qui l’on reconnut une sainte
Et qui devint la patronne des Tunisois.
A celle qui dirigeait les imams
Et priait à la Zitouna.
Nous sommes tes fidèles
Nous louons ta grâce, ta vertu et ton zèle.
Que ton souvenir nous aide
A nous rapprocher de l’unique vrai Dieu
Celui « Qui a créé les cieux et la terre en six jours
Puis s’est établi sur le trône. »
La foule innombrable à El Gorjani scandait ton nom :
« Saïda Aïcha ! Lella Manoubia ! »
Quand on te conduisit vers ta dernière demeure,
Les hommes et les femmes pleurèrent
Et le torrent de leurs larmes
Forma des lacs, des mers et des océans.

Karim Abdellatif.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

ميروبول ـ ثمرة غريبة

شجرات الجنوب فيها ثمرة غريبة ! الدم ع الأوراق والجذور... أبدان سودة تتدرجح في نسمة الجنوب، وثمرة غريبة تتدلدل من شجر الحور... هذا مشهد ريفي من الجنوب الأنيق ! عينين منفخة والفم معوّج... عطر المانيوليا حلو ونقي، وفجأة ريحة اللحم المحروق ! هذه ثمرة تنقرها الغربان، ثمرة تكبر بالمطر وتشيح في الريح، ثمرة تنضج بالشمس وتطيح م الشجر، والله هذا حصاد مر وغريب... ترجمة : الشيخ عبد الكريم

Le Poème du Voile (Karagöz)

  Ô Dieu !    L’infinie beauté transparaît sur l’écran, tandis que les jours qui passent séparent le bon grain de l’ivraie. Dans ce bas monde, l’écran de la vérité témoigne de la majesté du divin. Il nous est alors possible de déceler le sens des actes et de deviner ce qui fut soigneusement dissimulé rien qu’en scrutant et en interrogeant les ombres et les apparences.    En vérité, le rideau des songes ne pourrait en aucune façon voiler l’œil du discernement. Observez ce qui se meut devant vous et soupesez-le avec grand soin ! Le présent vous paraîtra sans doute plus clair et intelligible.    Le voile du sommeil insouciant et paisible s’étend du nord au sud et d’est en ouest ! Et l’art ne se conçoit que dans le défilé incessant des illusions terrestres. L’écran des rêves n’a-t-il pas tant de fois fait passer de vie à trépas le héros aux yeux cendrés ? Sachez donc que les silhouettes illuminées par le brasier de la passion ne sont autres qu...

A Travers Tunis

 Ma ville est un refuge, une barque renversée sur une plage d’août, une ombre bienveillante et secourable, une seconde d’inattention prise à la foule. Ma ville est un Eden, une oasis luxuriante dans le désert, une pluie abondante en pleine sécheresse et un sourire en coin sur les lèvres d’une passante.   Ses ruelles respirent la vie, les odeurs suaves des sacs d’épices, l’encens gris et l’ambre noir, les écorces de cannelle et les tiges de laurier. Ses ruelles s‘enfoncent dans la cité, murs blancs sertis de portes azurées, fenêtres ornées de fer forgé. Les impasses piègent le temps.   Ma ville est grande et belle, riche de cent mille quartiers, bordée par les deux lacs, l’île et les flamands, à la croisée de la terre et de la mer… Ma ville est millénaire, berbère et phénicienne, romaine, arabe, turque et française.   Ses ruelles s’arrêtent près d’un puits où au son du rossignol en cage, une esclave jadis puisait l’eau en rêvant de son autre pays. La ...