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Affichage des articles du 2013

Dorra

  Je me rappelle cet après-midi sur la plage. J’étais avec Dorra dont le maillot de bain noir et humide lui collait à la peau. Je pouvais deviner les moindres lignes de son corps. Elle ne cessait de parler et je m’abreuvais à la fontaine de ses lèvres, douces comme des abricots. Elle me citait les poèmes de Baudelaire que j’avais étudiés. Elle était la promesse d’un bonheur à venir. Je me souviens aussi de cette nuit au cours de laquelle je pénétrai dans sa chambre. Elle était nue sous ses draps et sa peau luisait dans la semi-obscurité. De ses cheveux, se dégageait encore l’odeur légèrement âcre de l’huile d’olive appliquée le matin même. Karim Abdellatif.

Rue de Marseille

  Ce soir-là, il n’avait pas fait chaud. Le vent soufflait et chacun marchait, pensant à ses petits soucis. Ce n’était le soir ni pour mourir ni pour naître. C’était un prélude à une nuit d’été quelconque dans une ville arabe, dans ce monde qui résistait à la modernité et la chérissant plus que tout. Cette nuit-là, le silence avait envahi les avenues de la cité à pas feutrés. La lune souriait dans le ciel et éclairait les ruelles dont les lampadaires brisés ne fonctionnaient plus. Dans un bistrot de la rue de Marseille, une centaine de personnes faisaient la fête et buvaient. Un monde émergeait des effluves du vin et de la bière. Des illusions planaient et retombaient, la gravité ayant eu finalement raison de leurs légèretés. J’étais assis à une table, scrutant cette foule étrange qui feignait d’ignorer le malaise ambiant. Je pensais à l’Europe et à sa douceur de vivre. Notre terre était maudite pour deux générations : d’abord celle des orphelins de Ben Ali, puis celle des enfa...