Ce soir-là, il n’avait pas fait chaud. Le vent soufflait et chacun marchait, pensant à ses petits soucis. Ce n’était le soir ni pour mourir ni pour naître. C’était un prélude à une nuit d’été quelconque dans une ville arabe, dans ce monde qui résistait à la modernité et la chérissant plus que tout. Cette nuit-là, le silence avait envahi les avenues de la cité à pas feutrés. La lune souriait dans le ciel et éclairait les ruelles dont les lampadaires brisés ne fonctionnaient plus. Dans un bistrot de la rue de Marseille, une centaine de personnes faisaient la fête et buvaient. Un monde émergeait des effluves du vin et de la bière. Des illusions planaient et retombaient, la gravité ayant eu finalement raison de leurs légèretés. J’étais assis à une table, scrutant cette foule étrange qui feignait d’ignorer le malaise ambiant. Je pensais à l’Europe et à sa douceur de vivre. Notre terre était maudite pour deux générations : d’abord celle des orphelins de Ben Ali, puis celle des enfa...
Author and Playwright